Commémoration, le 13/12, au monument de Broodseinde (NieuweMolen) dédié aux régiments d’infanterie français qui ont défendu cette crête en octobre et novembre 14, en présence de M. Valèro, Ambassadeur de France, M. Christophe Onraet, commandant militaire de la province de Flandre Occidentale et de M. Cardoen, bourgmestre de Zonnebeke.
Les soldats portés disparus sont honorés par les 3 croix qui ornent ce monument.
Le Souvenir Français d’Armentières a déposé une gerbe de fleurs.
Un livret nous est remis dans lequel les faits historiques sont rappelés.
Lors de la cérémonie, un rappel des faits historiques est lu en néerlandais et en français, ce texte est extrait du livre, qui sera présenté après les cérémonies à Zonnebeke ; ce livrea été écrit par M. Guido Galloo. Voici ce texte traduit par M. PatriekPoelman :
« Quand la guerre éclate en août 1914, personne ne prévoyait qu'elle durerait 4 années et ferait des milliers de victimes.
Après "la bataille des frontières" durant laquelle la France perd plus de 300.000 soldats, il s’en suit la "bataille de la Marne" qui arrête l'armée allemande.
Tous les plans des généraux ayant échoué,les armées ennemies se lancent dans une série de débordementsvers la Mer du Nord : c’est " La course à la mer ".
Mi-octobre 1914, la cavalerie française et les troupes territoriales reçoivent, l'ordre de se diriger vers la Flandre dans la région d’Ypres. Entre temps, la IVèmeArmée allemande, nouvellement formée, se prépare à foncer vers les ports de la Manche via Ypres et la plaine de l'Yser.
La route vers Dunkerque est cependant barrée par l'armée belge, renforcée par des unités françaises en particulier, « les Fusiliers Marins, les escadrons de Jonchay, et plus tard la 42ème Dl ».
La route via Ypres est barrée par le 4èmeCorps de cavalerie Wilson des Britanniquessous les ordres du Général Rawlingson, et le " Groupement d'Ypres » des Françaissous la conduite du Général Bidon.
De plus le1er Corps d’infanterie Wilson sous les ordres de général Douglas Haig est attendu.
Le 19 et 20 octobre 1914, Roeselare est conquis par des unités de la IVèmearmée de réserve allemande. Mais les combats continuent entre les cavaliers français en retraite et les corps de réserves allemands qui progressent. Ces corps de réserve sont composés d'unités du Wurtenberg et de Saxe.
Le 21 octobre ces unités allemandes attaquent et parviennent à conquérir Broodseinde. Elles progressent en direction de Brieke, qui est un passage ferroviaire sur la route de Zonnebeke à Ypres et la ligne du chemin de fer depuis Ypres à Roulers. Là,elles sont retenues par des troupes britanniques désespérées. Le centre de Zonnebeke est occupé. A Langemark les allemands subissent une défaite qui entrera l'histoire comme "l'infanticide" ou "les combats sanglants de Langemark".
C'est le moment où le commandement français intervient. Le Général Foch, commandant du "groupe provisoire du Nord", envoie le IXème Corps d’Armée sous la direction du Général Dubois vers Ypres. La 42ème Division d’infanterie, sous le commandement du Général Grossetti, est envoyée à Nieuport. D'autres unités suivront. Ces unités françaises arrivent le 22 et 23 Octobre.
Selon leur arrivée, les unités françaises sont jetées dans la bataille. C'est le 114ème RI qui repousse les Allemands et libère Zonnebeke. Cette unité conquiert également Broodseinde. Systématiquement les unités françaises prennent la relève du terrain occupé par les Britanniques. Depuis Molenaarelst, situé entre Zonnebeke et Beselare, via Langemark vers Steenstrate Les britanniques prennent place depuis Molenaarlelst jusqu'à Armentières.
Malgré les attaques fréquentes des Allemands, suivie par des contre-attaques françaises "baïonnette au canon", les Français parviennent à résister et même ici et là à gagner du terrain. Lorsque le 30 et 31 octobre une nouvelle offensive allemande éclate le long de la chaussée de Menin et que le Britanniques, envisagent de se retirer progressivement ; les Français envoient comme dernier renfort la "brigade légère" de la 6ème Division de Cavalerieréunie avec le "Groupe Gaillard" de cavaliers à pied vers Hooghe pour faire fonction de dernier obstacle devant Ypres.
De nouvelles unités françaises arrivent continuellement. Ces unités, dont les Zouaves, servent à combler les brèches et à remplacer les Britanniques.
Le 10 novembre, après un bombardement violent, les allemands commencent une nouvelle grande offensive pour atteindre les ports de la manche. La ligne de défense franco-britannique chancelle mais tient bon.
Le 11 novembre dans une ultime tentative désespérée, la Garde Prussienne attaque et essaie de forcer une percée sur la ligne séparant les défenses franco-britanniques. L'excellent travail de l'artillerie française et des mitrailleuses françaises tactiquement bien placées, empêche la garde allemande de se déployer. La garde est refoulée vers les lignes britanniques où les troupes britanniques libérées par les Français peuvent arrêter l'attaque allemande et la repousser. La garde ne se rétablira plus de cette petite mais violente bataille.
Le 12 et 13 novembre,les unités allemandes conquièrent la si importante Broodseinde mais le 92ème RI sous conduite du Colonel Knoll reprendra Broodseinde à nouveau.
Le IXèmeCA qui a combattu sans arrêt durant 35 jours, est épuisé et de guerre lasse. Il a subit de terribles pertes; des 27.000 combattants initialement, il n'en reste plus que 9.000 vaillants. Leur habillement est usé jusqu' à la corde et ne consiste qu’en de restes d'uniformes complétés de vêtements civils trouvés, leurs fusils sont rouillés, le ravitaillement n’arrive plus, le sanitaire pratiquement inexistant, et partout il y a des corps non ensevelis de soldats des deux camps. En plus le 15 novembre il commence à neiger.
Entre temps les Britanniques partent vers la boucle du sud, se ralliant à leur IIIème ICW. En conséquence les Français avec environ 200.000 hommes, prennent le relais de la ligne depuis Wijtschate à Dixmude.
A partir du mois de décembre se fait le repli progressif des unités françaises du front des Flandres. Depuis le nord, les Belges descendent jusqu'à Steenstrate, depuis le sud ce sont les Britanniques qui systématiquement prennent le secteur français avec comme but de relever les Belges.
Entre Steenstrate et le chemin de Ypres à Poelkapelle il reste encore seulement deux Dl françaises en position en avril 1915. Elles aussi seront relevées. Il s'agit du 87ème Division d’Infanterie Territorialecomposées de Bretons et de Normands et de la 45ème Division d’Infanterie "algérienne" composée de zouaves et tirailleurs.
Le 22 avril débute la première attaque aux gaz, dirigée contre ces deux unités. Ne sachant pas ce qui se passe, ces deux unités tiendront néanmoins leurs positions et limiteront les dégâts. Malgré le fait que certaines unités territoriales paniquent, la 2ème et la 3ème ligne tiennent bon.
Lors de la 3ème bataille d'Ypres, la 1ère armée française participe aux combats au nord de Boesinge.
Le 11 novembre 1918, après quatre années de combats, les canons se taisent enfin et une paix profonde descend sur les champs de bataille qui s'étendent depuis la Suisse jusqu'à la mer du Nord.
Le saillant d'Ypres, est complètement détruit depuis le nord jusqu'au sud. Il ne reste qu'un paysage labouré par les bombes, obus et cratères de mines, avec seulement des cicatrices.
Des milliers de soldat sont morts, blessés ou disparus
A ce jour, des soldats reposent encore dans les champs, sous les maisons et les rues, et il y a peu de chance qu'on les retrouve un jour.
Aujourd'hui nous commémorons les soldats français, parce que sans eux,il n'y aurait pas eu de saillant d'Ypres.
C'est la cavalerie française qui a arrêté les premières troupes allemandes, de sorte que les britanniques ont eu le temps de s'installer dans les positions que les troupes territoriales françaises avaient créées.
Ce sont également aussi les Français qui ont continuellement envoyé des renforts en Flandre pour maintenir les positions et boucher les brèches.
Ici même, au monument à Broodseinde, un des champs de bataille les plus sanglants ; nous commémorons et honorons le fantassin français qui y a si courageusement combattu.
Le monument a été inauguré le dimanche 11 septembre 1977, a été conçu par l'architecte de Zonnebeke W. Barthier et a été réalisé par Johan Lievens.
Il symbolise la crête sanglante de la colline, séparant les deux plaines de l'Escaut et de l'Yser.
Les 3 croix, identiques à celles du cimetière de " St Charles de Potyze", symbolisent les soldats français morts qui reposent encore toujours ici dans les environs et qui n'ont jamais eu une tombe digne d'eux ».
Complément d’information à partir d’un document ATB 14-18 : d’autres unités ont combattu dans le secteur tel que le 156èmeRI, dans lequel servait le futur chanoine de Boëschepe,Jérôme Verdonck. Les récits de la bataille du Mont Kemmel en avril 1918 par le chanoine sont mis en évidence au Musée In Flanders Fields d’Ypres. Voici son témoignage qui nous a été remis par M. Octave Defief, membre de la famille du chanoine :
« Cher monsieur; Suite à notre conversation de l'autre jour voici de quoi compléter votre documentation, et satisfaire votre curiosité concernant les opérations militaires du "saillant d'Ypres" au cours de l’hiver 1914-1915.
J'ai participé à ces opérations dans le secteur de St Julien de début de janvier au 16 février 1915 J'étais à l'époque jeune soldat de la classe 1914. Apres, 4mois d'instructions et d'entrainements au camp de la Courtine dans le département de la Creuse, je fus affecté et envoyé en renfort au 156ème R.I. régiment d'infanterie qui se trouvait engagé sur le front d’Ypres. Ce régiment, dans lequel je fis toute la première guerre jusqu'à l'armistice du 11/11/1918, faisait partie de la 39ème Division (garnison de Toul), laquelle 39ème Division formait avec la 11ème Division (garnison Nancy) le 20ème C.A. (corps d'armée). Lorsque au début de janvier 1915, j'arrivais sur le front de la 39ème Division et au 156ème RI auquel j'étais affecté, se trouvait engagés en Belgique depuis le 3novembre 1914 et avait déjà pris part à des actions militaires offensives et défensives à Messines et au nord de Langemark. A mon arrivée au 156ème le régiment avait pris en charge le secteur de St Julien depuis quelques temps. Chacun de ses trois bataillons passait à tour de rôle, 4 jours en première ligne, puis 4 jours un peu en arrière dans les maisons de St Julien-village et les fermes de St Jan et Pilkem et, ensuite quatre jours en réserve de division à Woesten. C'est à Woesten que se trouvait le deuxième bataillon du 156ème Je fus affecté à ce bataillon. J'y arrivais donc vers le 13 janvier 1915 venant de Decize (Nièvre) où se trouvait, à l'arrière, le dépôt de régiment. Embarqué à Decize en chemin de fer et en tenue de campagne complète le renfort dont je faisais partie arriva à Dunkerque début janvier 1915, passa une nuit dans les hangars de la gare maritime, fut embarqué à nouveau jusqu'à Bergues. De Bergues nous allâmes à pied cantonner à 0ost-Cappel pour quelques jours et y être vaccinés contre tétanos et typhoïde. Je me doutais pas alors qu'en 1939 c'est à dire 24 ans plus tard j'allais devenir curé de ce village frontière Oost-cappel. Vers la mi-janvier donc j'arrive à Woesten, au second bataillon du 156ème R. I. Très peu de jours après, le bataillon se mit en route pour St Julien où il se trouva pour quatre jours en soutien de la 1ère ligne. Puis ce fut ma première montée en première ligne où nous relevâmes un autre régiment. Cette première ligne était une tranchée humide et boueuse où le séjour de quatre jours et quatre nuits était très peu confortable. La première ligne ennemie était devant vers l'est à environ 200 mètres. Entre les deux premières lignes il n'y avait carrément rien comme feux et accessoires. C'était le début de la stabilisation des fronts et tout le monde avait encore à apprendre à faire la guerre. Le secteur heureusement était calme. Toute l'activité militaire dans le coin où nous montions la garde se limitait à des tirs intermittents de fusil de part et d’autre. Autant que je puisse me souvenir, notre tranchée de première ligne se trouvait à environ un à deux km au-delà de St Julien-village vers l'est, en terrain plat. Soit approximativement à l'est de la route de Langemarck Zonnebeke. Nous avions Langemarck à notre gauche et Zonnebeke à notre droite, St Julien derrière nous, et devant nous Passendaele occupée par l'ennemi. Des réfugies de la région avec qui j'en parlais à l'arrière, ont cru comprendre que la ferme évacuée que nous avions à 2oo mètres devant notre tranchée devait être la ferme d'une famille Soenen. Le pays avait en cette époque un aspect de désolation d'une tristesse infinie. Vaches et cochons circulaient en liberté à la recherche de nourritures. Et la nuit les beuglements de vaches en vadrouille avaient quelque chose de lugubre. Tout cela impressionnait profondément le flamand que j'étais. Car tout français que j'étais, ce pays désolé et vide de ses habitants était tout de même "ma Flandre" ma "MoederVlaanderen" Je souffrais de ce qu'elle avait à souffrir. La nuit je montais à mon tour la garde, debout dans l'obscurité sur une banquette de tir surveillant les ombres et les bruits devant notre ligne. Mon fusil baïonnette au canon debout à côté de moi. Et le vent lui soufflait sur la plaine en effleurant les arêtes dema baïonnette y produisait à côté de mon oreille une musique triste et plaintive. Il me semblait reconnaitre comme la cantilène plaintive de ma Flandre dévastée et mutilée Après plusieurs séjours alternés en première ligne en position de soutien à St Jan-Pilkem, ou en position de réserve à Woesten le régiment fut relevé et quitta le secteur de St Julien pour aller en grand repos à Wormthout le 16 février 1915.
Le 8 mars nous quittâmes Wormhoudt pour aller cantonner à Crombeke et repartir dès le lendemain vers Zonnebeke, notre nouveau secteur, que nous allions tenir jusqu'au 10 avril. Inutile de rappeler que tous nos déplacements tous dans le secteur de St Julien que dans notre nouveau secteur de Zonnebeke se faisaient à pieds et la nuit. Je me souviens de notre première marche de nuit de Crombeke vers Zonnebeke par Ypres (PotyseFrezenberg, Zonnebeke-village. Là nous prenions à droite, passions devant la gendarmerie de Zonnebeke, et avant la montée vers Broodseinde nous prenions à gauche un boyau qui nous menait directement à notre première ligne. Celle-ci n'était autre que le fossé de la route qui va de Broodseinde vers Passendaele. L'autre fossé était la première ligne allemande. Entre eux et nous il y avait la route couverte par un amoncellement d'obstacles de tous genres. Je me trouvais là à deux à trois cent mètres du carrefour de Broodseinde. Passendaele et Moorslede étaient occupées par l'ennemi. La position où se faisaient face les deux premières lignes était importante parce qu'elle était en hauteur. Nous ne voulions pas la lâcher, ni l'ennemi non plus car elle nous donnait à nous une vue sur Passchendaele et Moorslede comme elle donnait vue aux Allemands vers Zonnebeke et St Julien etc. Pour avoir cette position à eux……. (Il manque un passage au récit qui nous aété remis)
……. gijvlaams en gijlaatmijdaarrabbelen in het fransdatiker van zweetAchgijnondedjie, adhgijnopdedjie. Pour le consoler je lui ai dit de venir boire un verre à mes frais au duc de Bourgogne. Nous sommes venus de bons amis. Je pense qu'il n'en n'est pas encore revenu d'avoir rencontré un soldat français parlant flamand. En conclusion je signale que mon régiment et toute la 39èmeDivision furent enfin retirés des secteurs de St Julien et Zonnebeke où nous avons été relevés par une Division Canadienne, le 10 avril 1915. La division fit aussitôt route par étapes vers la région d'Arras où se préparait l'offensive française du 9 mai. En route vers Arras nous avons appris que sur le front d'Ypres les allemands avaient déclenché une dangereuse attaque aux gaz. Il fut un jour question de nous ramener vers Ypres pour aider à réduire l'attaque en question mais ce n’a pas été nécessaire. Bien plus tard, au printemps 1918, après avoir guerroyé en Artois, en Champagne, à Verdun dans l'Aisne, encore une fois à Verdun en I9I7, en avril 1918 venant de Verdun par chemin de fer, nous débarquâmes à Poperinghe. Toute la division fut engagée et alla prendre position entre Locre et la Clyte, dans l'après-midi du 25 avril, en face au Mont Kemmel qui avait été pris le matin par l'ennemi Mais ceci est une autre histoire celle de mon deuxième séjour de guerre en Belgique et de la sanglante bataille de Kemmel à laquelle j'eus à prendre part. Au besoin je vous en parlerai une autre fois ».
D’autres témoignages peuvent être consultés dans 2 livres parusaux éditions « L’Harmattan » :
« La Grande Guerre d’un lieutenant d’artillerie » de Pierre Grison
« Lettres de guerre d’un artilleur » d’Henri Bouchet
Ces 2 livres racontent les combats de 2 batteries différentes du 20èmerégiment d’artillerie
Afin de situer le lieu de ces combats, voici deux cartes :
1 - Carte extraite du JMO du 20ème Régiment d’artillerie
Carte extraite des 2 livres édités à L’Harmattan
Après cette cérémonie à Broodseinde, c’est au cimetière français de Saint Charles de Potyze qu’une commémoration a lieu, en l’honneur des soldats français tombés en Belgique. Afin que cette cérémonie concrétise ce qu’ont subi les soldats, le parcours du soldat Émile Monet du 268ème R.I. est raconté devant sa tombe.
Certaines tombes ont été visitées par de jeunes écoliers néerlandophones qui ont laissé des petits mots de remerciement au pied des croix.
Des Loupianais en visite dans le secteur ont assisté à cette cérémonie et ont chanté « Une larme et un fusil » et « La Marseillaise ».
De même qu’à Broodseinde, un récit historique nous est lu :
St-Charles de Potyze — Historischoverzicht - Sommaire historique
Aujourd'hui nous sommes réunis au plus grand cimetière français de Flandre. Dans la province de Flandre Occidentale, il y a encore 16 autres cimetières où reposent des soldats français de la « grande guerre » de 1914 — 1918. Il s'agit de tombes individuelles dans des cimetières britanniques, ou de carrés militaires ou encore dans les cimetières communaux
Lorsqu’en octobre - novembre 1914, les combats opposants les unités françaises et allemandes éclatent, beaucoup de soldats seront soit blessés ou tués
Les soldats tombés sont soit enterrés sur place même ou transportés vers l'arrière pour y être inhumés.
Un peu partout à l’arrière des lignes surgissent de petits cimetières selon les unités où les victimes sont inhumées dans une tombe individuelle ou bien dans des fosses communes.
Si possible, les soldats blessés furent transportés vers des ambulances sanitaires pour y être soignés. Certains soldats survivent à leurs blessures tandis que d'autres décèdent malheureusement. Ainsi les premiers grands cimetières apparaissent dans les environs des ambulances.
Dans ceux-ci les soldats de toutes les unités sont enterrés, mais on attribue quand même à chaque unité un lopin de terre où ils peuvent enterrer leurs propres camarades.
Ces cimetières étaient bien entretenus et documentés de façon excellente.
Ainsi le long de la route Zonnebeke-Ypres, différents cimetières furent créés dont celui près de l'ambulance de Frezenberg, de l'ambulance de Potyze et de l'ambulance St-Charles qui était située dans la petite école du hameau de Saint Charles.
Selon Alex Deseyne, un historien belge renommé, cette petite école de hameau se situait près du coin isolé où nous nous trouvons actuellement.
Les données connues des décédés étaient transmises aux familles par le biais de leur régiment sur un formulaire spécial. Ces données étaient également classées dans les archives militaires, avec l'indication de l'endroit où le cimetière se situait et avec un dessin détaillé et une liste nominative.
Entre temps la guerre continue. Durant les combats et batailles consécutives ces cimetières subissent le feu de l'artillerie et sont systématiquement détruits et particulièrement lors de l’attaque manquée en 1917, appelée « la bataille de Passendaele ». Ainsi beaucoup de tombes sont perdues à jamais.
Durant l'année 1918 se succèdent encore une offensive allemande et une alliée qui détruisent à nouveau les cimetières.
Après la guerre c'est pour l'État français un travail fastidieux que de retrouver tous ces soldats tombés à fin de les ré-enterrés à nouveau. Vu le grand nombre de cimetières en France même, et leur immense nombre de tués, la Flandre reste un peu oubliée et les cimetières sont insuffisamment entretenus.
En 1920, La ville d’Ypres, érige au milieu du cimetière une croix en pierre de taille.
Heureusement actuellement la situation a évolué et les soldats français de « la Grande Guerre » sont honorés de façon adéquate pour les sacrifices qu'ils ont subis à l'intérieur et hors des frontières de l'hexagone français.
Les cimetières sont soignés et bien entretenus.
Nonobstant qu'aujourd'hui nous commémorons tous les fantassins, nous voulons en particulier évoquer l'histoire d'Emile Monet.
Puis le parcours d’Émile Monet est lu.
Emile Monet
Aujourd'hui nous sommes réunis devant la tombe d'Emile Monet, un des très nombreux soldats français qui sont tombés en Flandre durant l'année 1914.
Emile Monet est né le 14 juin 1884 à Clèré du Bois dans le département de l'Indre.
Son père Joseph était marié avec Maria Léontine Marc, Ils ont émigré deBelgique en France, en 1870 et pour travailler en tant qu’ouvrier agricole et par la suite devenir agriculteur indépendant.
Emile "cultivateur agricole" à Clèré du Bois, épousera Adèle Viauvy, fille d'un maraîcher de Bossay en 1913.
Ils eurent une fille, Alina, née en janvier 1914 qu'Emile ne connaîtra jamais. Elle épousera en 1932 Louis Talent.
Emile fut mobilisé en août 1914 au 68ème RI (Régiment d'Infanterie).
Il appartenait au 68ème RI mais fut détaché auprès du 268ème RI qui est un régiment du IXème Corps d'Armée.
En août 1918, le régiment arrive dans notre région et y reste jusqu'à janvier 1915. Aux environs du 25 avril 1915, le régiment revient pour protéger le front lors des attaques au gaz.
Emile Monet tombe le 28 décembre 1914 près du bois triangulaire entre Bikschote et Langemark, lors d'une des nombreuses escarmouches sans nom.
Jusqu'à sa mort en 1981 sa veuve apportera chaque jour des fleurs au monument aux morts de son village.
Depuis cent ans, jamais un seul membre de sa famille n’est venu ici saluer sa tombe.
Aujourd'hui nous commémorons Emil Monet tombé le 28 décembre 1914 au pays de ses ancêtres où il a une tombe enregistrée sous le numéro 2002 au cimetière de St- Charles-de Potyze à Ypres.