Dans le but de préparer les commémorations franco-belges de juillet et août 2015, une réunion rassemblant :
-MadameButel, Consul général de France à Bruxelles
-Monsieur Crabe, bourgmestre de Nieuwpoort
-le Souvenir français, représenté par le Lieutenant-colonel Michel, délégué généralenBelgique et Monsieur Pelgrim, délégué du secteur de Nieuwpoort
-M. Vanleene de Westfront Nieuwpoort (nouveau musée venant d’ouvrir sous le monument dédié au Roi-Chevalier Albert 1er)
est programmée ce 24 février.
Durant ces commémorations la France occupera une place d’honneur.En effet les troupes françaises, fusiliers marins, zouaves, tirailleurs, chasseurs à pied et autres, se sont particulièrement distinguées lors de terribles combats dans le secteur, comme sur tout le front belge.
Les temps forts de ces manifestations seront :
-une exposition, en juillet,dont le thème sera les troupes françaises, et une autre sur Lady Feilding, ambulancière infirmièreune commémoration en l’honneur des fusiliers marins et la Bretagne le 1er août
-inauguration,le 2 août, après la cérémonie au Roi Albert, d’un nouveau monument dédié aux fusiliers marins, zouaves et troupes coloniales
-des visites guidées des nombreux lieux de mémoire de la commune
Avant la réunion de travail, les participants se rendent sur plusieurs lieux de mémoire de Nieuwpoort :
-le monument commémorant la bataille de Ramscapelle en octobre 1914 dans laquelle se distingua le 16ème BCP
-le monument dédié à la 81ème Division d’Infanterie Territoriale situé dans la Patte d’Oie (Ganzepoot)
-lemonument dédiéau Lieutenant Thuret tué le 28 janvier 1915 lors de l’attaque de la Grande Dune ou Dune 17. Ce monument est situé dans la base militaire de Lombarsijde.
Le lieutenant Thuret, né à Paris le 22 octobre 1888, est saint-cyrien.Il est blessé à la poitrine quand il était au 5ème Régiment des Tirailleurs algériens (je n’ai pas trouvé le journal de marche et d’opérations), le 6 septembre dans le secteur de Lombarsijde. Il reprend du service au 7ème Régiment de marche des Tirailleurs algériens.Le 8 janvier en même temps que le lieutenant Weisbecker et du capitaine Delorme, il est décoré de la légion d’honneur.Les 2 lieutenants perdent la vie lors de l’attaque du 28 janvier de la Dune 17.
Le lieutenant Weisbecker commande une section de mitrailleuses, son groupe est anéanti sauf 2 hommes. Le lieutenant Weisbecker est enterré, à l’époque, à Nieuport-Bain (je n’ai pas retrouvé sa fiche de sépulture),
Le lieutenant Thuret à la tête de ses hommes est tué puis porté disparu ainsi que les lieutenants Galéa et Guéchaïré de sa compagnie.
L’attaque a coûté 122 tués, 46 disparus et 204 blessés.
Dans le livre « La Belgique et la Guerre, tome 3, les opérations militaires », le major Van Overstraeten cite la Grand Dune de Westende au même titre que les collines d’Ypres, Soissons, Vauquois, le Vieil Armand, l’Argonne, Notre dame de Lorette pour avoir vu couler des flots de sang pour leur possession.
Il faudrait établir un décompte exact mais le chiffre de 1000 morts ne doit pas être loin de la vérité pour ce petit territoire qui est un véritable sanctuaire étant donné également le nombre de soldats des 2 camps portés disparus.
Les JMO du 7ème Régiment des Tirailleurs algériens et de la 2ème Brigade marocaine sont très intéressants à lire et décrivent en détail avec cartes, les combats menés dans ces quelques arpents de dunes de la rive droite de l’Yser, délimités par la mer au nord, la ville de Nieuwpoort et ses écluses au sud, et le chenal du port à l’ouest.
A première vue, ces dunes ne sont pas stratégiques mais ce n’est pas ce que pense le général Foch qui dans ses mémoires « Pour servir l’histoire de la Guerre de 1914 – 1918 » (Edition Plon 1931) écrit :
« Les attaques du 2e corps de cavalerie à l'est de Nieuport. — La côte belge de la mer du Nord présentait pour l'ennemi un intérêt particulier, en raison des établissements qu'il pouvait y faire pour soutenir la lutte sous-marine contre l'Angleterre et gêner notamment les communications de la Manche. Ostende était le port le plus rapproché de nous qu'il possédât. Sa défense devait immobiliser d'importantes forces allemandes. De là, l'intérêt des attaques que nous entreprendrions dans cette direction. La côte même fournissait un terrain constitué par des dunes de sable assez élevées et qui échappaient aux inondations de l'Yser. Il y avait encore là quelques possibilités d'agir pour nous. Dès le commencement de décembre, j'avais fait étudier par le général de Mitry, commandant le 2e corps de cavalerie, un projet d'offensive partant de Nieuport. Le gouverneur de Dunkerque avait fait préparer les moyens de passage nécessaires pour franchir l'Yser en aval de Nieuport. Enfin tout un matériel nautique, comprenant notamment des doris et des vedettes à moteur, était rassemblé à la disposition du général de Mitry. Mais nous n'étions pourvus que d'artillerie de campagne. Le 15 décembre, l'attaque partait en direction générale de Westende-Ostende. Nous prenions pied dans les premières maisons de Lombartzyde et du Polder, sans pouvoir cependant progresser sensiblement le long même de la côte, en raison des puissantes installations faites par l'ennemi dans les dunes de sable ; et nous parvenions à six cents mètres de Saint-Georges, tandis que les marins français et les soldats belges en doris prenaient quelques fermes au sud-ouest de la localité. L'opération se poursuivait dans les journées suivantes. C'est en vain que l'ennemi lançait de vigoureuses contre-attaques, elles étaient toutes repoussées. En fait, le 19, nous avions conquis et organisé une solide tête de pont sur la rive droite de l'Yser. Nous installions en même temps de nombreux passages sur le fleuve. Quand nous voulions repartir à l'attaque le 25, tous nos efforts se brisaient, de Lombartzyde à la mer, devant les défenses de l'ennemi, ses réseaux de fils de fer, que notre insuffisance en artillerie n'avaient pas permis de bouleverser. Le 28, nous enlevions Saint-Georges, pendant que la 5e division belge, franchissant l'Yser au sud de Dixmude, établissait une petite tête de pont sur la rive droite. Avant de procéder à de nouvelles attaques en forces, il importait de s'établir solidement ; cela demanda du temps, car ce ne furent pas des jours mais des semaines qu'exigea l'organisation du terrain, les circonstances atmosphériques étant un obstacle des plus sérieux. L'eau ou le sable envahissait tranchées et boyaux. De fréquentes tempêtes coupaient les communications. Le pont de tonneaux jeté à l'embouchure de l'Yser était sans cesse endommagé par l'artillerie allemande. En dépit de toutes ces difficultés, nos troupes firent preuve d'une activité remarquable. Pendant un mois, du 27 décembre au 27 janvier, elles luttèrent sans trêve pour préparer, par des travaux d'approche, la reprise de l'offensive qui devait se produire sur le Polder et sur Lombartzyde. Le 28 janvier, cette nouvelle attaque était déclenchée. Elle s'emparait de la première ligne allemande. Mais, à la tombée de la nuit, ayant subi des pertes sérieuses et en raison de l'eau qui, dans les tranchées conquises, empêchait tout travail de consolidation, nos troupes qui eussent été à la merci du moindre retour offensif rentraient dans leurs positions de départ. Tandis que cette opération se déroulait en face du Polder, un coup de main tenté par une section de tirailleurs réussissait à enlever un fortin ennemi établi en avant de la Grande-Dune, mais, pris d'enfilade par le feu, contre-attaqué à la baïonnette, ce petit détachement était presque anéanti. Six hommes et un gradé résistèrent toute la journée et une partie de la nuit ; ils furent tués sur leur position. Ces faits dénotaient incontestablement l'excellent esprit et l'ardeur qui animaient les troupes du détachement français de Nieuport. Mais, quelles que fussent leurs qualités, elles étaient impuissantes à surmonter les difficultés de toutes sortes accumulées par les éléments physiques. Elles n'en pouvaient humainement venir à bout, et t'eût été folie que de prolonger, en plein cœur de l'hiver, une offensive qui manifestement était vouée à un insuccès certain. La journée du 28 janvier marqua en réalité la fin de cette offensive. »
Les tirailleurs sont remplacés par la suite par les fusiliers marins, eux-mêmes remplacés par les troupes britanniques.
Le monument est maintenant entretenu par le régiment d’artillerie qui occupe la base militaire.
Remerciements à M. Pelgrim pour la demande de mon autorisation d’entrée dans la base et à l’adjudant Peeters pour ses renseignements.