discours de M. Delahaye, maire de Richebourg :
« Madame Julie Baines, et sa fille Madame Jamey Baines,
Mesdames et Messieurs les membres de l'Association historique du Royal Susssex,
Monsieur David Chapman, Conseiller municipal de Worthing, et membre du Rotary club, mandaté par le Maire de Worthing, Councellor Bob Smytherman,
Monsieur Francis Bernard, Président des ACPG-CATM-TOE-OPEX de l’arrondissement de Béthune, et du Souvenir Français du Pays de L’Alloeu.
Mesdames et Messieurs les Maires des communes amies, leurs adjoints et conseillers municipaux,
Madame et Messieurs les adjoints et conseillers municipaux de la commune de Richebourg,
Messieurs les Anciens combattants,
Messieurs les Gardes d'Honneur de Notre-Dame de Lorette du Groupe 6 de Béthune,
Il y a un an, John Baines, Président de l’Association historique du Royal Sussex, nous quittait.
La cérémonie avait pu néanmoins se dérouler comme chaque année, grâce à sa fille Jamey, qui prit le relais pour prononcer les discours, tout comme son père le faisait. Aujourd’hui encore, toute la famille ainsi que David Chapman, représentant le maire de Worthing et accompagné d’une délégation du Rotary Club, sont présents.
C'est à John Baines que nous devons l'organisation de la commémoration de cette Bataille du sanglier, il l'avait mise en place il y a 8 ans, et chaque année il se chargeait du déroulement de celle-ci dans les moindres détails.
Nos pensées aujourd'hui se partageront donc entre notre ami John, et nos jeunes « camarades » anglais de la brigade de Southdawn morts au combat.
J'ai dit « camarades », car c'est le terme qui exprime le mieux l'état fusionnel qui existait entre le peuple anglais et français devant l'envahisseur de l'époque. L'Europe se cherchait dans une crise d'adolescence des plus sanglantes, elle est devenue enfin adulte avec de temps en temps des états d'âme contradictoires mais elle existe, elle existe grâce au sacrifice de ces soldats gisant sous nos pieds pour l'éternité.
Depuis 97 ans, le 30 juin est devenue une journée officielle pour notre commune et c'est un devoir de commémorer « Le jour où le Sussex est mort », pour que cette expression anglaise garde toute sa portée.
La bataille du Boar's Head (de la tête du sanglier) à Richebourg avait été présentée comme une action de diversion pour faire croire aux Allemands que ce secteur du Pas-de-Calais avait été choisi pour l'offensive principale de 1916. L'intention était d'empêcher les Allemands de faire venir leurs troupes mobiles dans la région de la Somme à environ 50 kilomètres au sud.
Les 2e et 5e bataillons du Royal Sussex avaient en effet combattu à Richebourg pendant la bataille de la côte d’Aubers en mai 1915. Le 5 mars 1916 sont arrivés 3 bataillons du Southdawn qui formèrent la 116e brigade de la 39e division qui s’était établie dans les tranchées près de Fleurbaix.
Le 11 juin, les 3 bataillons se sont rendus à la réserve divisionnaire de Locon et ont commencé à se préparer pour une attaque qui n'était qu'une rumeur à ce moment-là.
Le 16 juin, ils s'installent dans les tranchées de la ligne de front près de la « ferme du bois » à côté de Richebourg. Ils tiendront la ligne jusqu'au 23 juin, jour où ils reçoivent les instructions selon lesquelles la 39e division devait attaquer les Allemands en ce lieu, c'est la 116e brigade qui avait été choisie pour mener l'attaque.
Les plans initiaux prévoyaient que le 11e bataillon allait mener l'attaque avec le 12e sur la droite, le 13e restant en réserve.
Après avoir vu les plans, le Lieutenant Colonel Harman Grisewood, commandant en chef du 11e bataillon, encore très touché par la mort de son frère à Merville, douta, car ses troupes n'étaient pas familiarisées avec le terrain.
Il exprima son doute au commandant de brigade en disant « Je ne sacrifie pas mes hommes comme fourrage à canon ».
En définitive, la brigade de Southdawn a perdu 17 officiers et 349 hommes. Plus de 1 000 soldats ont été blessés ou faits prisonniers.
Quant au 13e bataillon, il a été complètement détruit. Il devint « Le jour où le Sussex est mort ». Quel destin cruel pour tous ces jeunes qui perdirent la vie de façon aussi tragique !
C’est la raison pour laquelle cette terre est devenue sacrée. Chaque année, nous les gens de Richebourg nous nous réunissons ici avec vous, et à travers votre présence, honorons tous ceux qui vous sont chers. Merci à vous, nos amis anglais, qui avez fait le voyage pour être avec nous pour nous souvenir de tous ceux qui se sont battus ici et plus encore de tous ceux qui en sont morts.
Cette bataille de Richebourg marquera à jamais le Bas Pays. »