Hemery Louis, 124ème RI, 15/07/1918 Prosnes (Marne)
Extrait de l'historique du 124ème RI
Le 15 juillet, à 0 heure 10, un roulement infernal se fait entendre soudain derrière les Monts. De Reims à l'Argonne des milliers de canons vomissent du fer et du feu; il semble que des forgerons géants assènent sur les Monts des coups de marteau d'une puissance inouïe.
La première Position est pilonnée par obus et par gros minens.
L'air est infecté par les Gaz; il faut garder constamment le masque.
Pendant toute la durée de la préparation, les observatoires "Cyclope" et "Lechaud" ne cessent de renseigner le colonel, par téléphone, sur la situation. "Cyclope" renseignera jusqu'à cinq heures. La poignée de braves qui occupe la première ligne lance fusées-éclairantes.
A 3 heures 30, une explosion formidable domine le bruit des éclatements; le tunnel du Cornillet vient de sauter; les allemands ne l'utiliseront plus.
En même temps, une fusée V.B. Blanche à parachute s'élève dans la fumée: l'infanterie ennemie sort de ses tranchées et escalade les Monts. Précédée d'un puissant barrage roulant, elle s'élance à l'assaut des premières positions volontairement abandonnées. La surprise doit être grande! Dans les abris déserts, elle ne trouvera plus que des gaz asphyxiants.
Vers 6 heures 15, les vagues d'assaut se présentent devant l'avancée de la position intermédiaire. Le bombardement intense a voilé la plaine d'un nuage de poussière; les hommes montent sur le parapet pour mieux distinguer l'ennemi.
Les vagues d'assaut sont reçues par les unités du bataillon Nicolas qui se défendent avec un entrain admirable. Si les Allemands ont du mordant et sont décidés à passer coûte que coûte, les nôtres ont juré de leur opposer une résistance farouche. Les compagnies Bruyère, Claudet, Bréard et Jeanpert infligent d'énormes pertes à un ennemi quatre fois supérieur en nombre et animé d'une foi absolue dans le succès.Le sous-lieutenant Delamarche tombe mortellement frappé, debout sur la parapet, en dirigeant le feu de ses mitrailleuses.Le mitrailleur Létang vient de faucher les vagues ennemies: la rapidité du tir rougi sa pièce, mais il veut "que ça marche quand même" et, avec sa dernière bande, il abat quatre Allemands arrivés à quelques mètres de lui.Le soldat Joffard, parti pour noter un ordre, se trouve brusquement en face de quatre Allemands; il tue le premier, en blesse un second et met en fuite les deux autres.L'adjudant Lebatteux, debout sur la plaine encourage ses hommes sans souci des balles qui sifflent autour de lui.Le fusiller Mitrailleur Pilon, avec un sang froid admirable, se sert d'un piquet de réseaux comme appui et, debout, fauche les vagues ennemies.Celles-ci, arrêtées net dans leur élan brutal, perdent de leur assurance; elles hésitent fléchissent et finalement décollent du barrage qui continue l'avancer, suivant l'horaire établi.Après de violents combats allant jusqu'au corps à corps, débordées par le nombre et risquant d'être tournées, les unités du 3ème bataillon reçoivent l'ordre de se porter au sud de la position intermédiaire.Le repli s'effectue en bon ordre et en combattant.Le lieutenant Crouillebois se comporte magnifiquement.Le Lieutenant Dufour et l'aspirant Guittet, par des mises en batterie en terrain découvert, arrêtent la progression de l'ennemi.Non content de la maintenir, le bataillon Nicolas exécute des retours offensifs.Le sous-lieutenant Gabrielli fonce sur l'assaillant, en tête de sa section et l'oblige à reculer.Le lieutenant Bréard entraîne sa compagnie à la contre attaque avec mépris absolu du danger; il tombe mortellement frappé.Le lieutenant Bruyère et le lieutenant Brunet luttent avec la dernière énergie; momentanément isolés; ils maintiennent leurs positions, font subir aux assaillants des pertes très élevées et permettent le retour offensif d'unités voisines.Le capitaine adjudant-major Le Falher et le lieutenant Jeanpert voient un léger mouvement se produire; ils montent sur le parapet et, durant dix minutes, servent de cibles aux balles qui pleuvent de toutes parts; ce geste magnifique suffit pour ranimer les courages.Le 3ème Bataillon a superbement rempli sa mission; grâce à sa résistance acharnée, les vagues allemandes se présentent sans cohésion devant la position intermédiaire, défendue par les bataillons Clertant et Martin.Dès que l'ennemi est aperçu, les coups de feu crépitent tout le long de la tranchée; les mitrailleurs mettent en batterie et commencent un feu meurtrier.Presque tous les combattants sont debout sur le parapet certain s'élancent au devant des groupes ennemis qui ont approché de nos fils de fer. Dans les tranchées et boyaux, par lesquels les allemands cherchent à s'infiltrer, des combats à la grenade s'engagent.Les canons J.D. remarquablement dirigés par le sergent Charles, contribuent efficacement à la défense de la position.Partout l'ennemi est repoussé; désormais l'attaque est brisée. Les unités des 1er et 2ème bataillon ont été superbes d'entrain et de bravoure.Un cheval d'officier allemand échappé arrive jusqu'à nos lignes où nos balles le tuent. Le soldat Richard va, sous la mitraille, chercher le harnachement et les papiers; ils fournissent des renseignements de la plus haute importance: une carte nous révèle les zones d'attaque des divisions et les objectifs pour le premier jour; les allemands doivent atteindre Châlon le 15!Dans l'après midi, le caporal Verwaede aperçoit cinq allemands cachés dans un trou d'obus. Il se précipite sur eux, en tue trois, blesse les deux autres et les ramène prisonniers avec leur mitraillette. Médaillé militaire le soir même, ce brave sera malheureusement frappé à mort le 18 au cours d'une contre attaque.Parmi les observateurs de la petite garnison laissé sur le Cornillet, quelques-uns ont pu regagner nos lignes en se faufilant à travers les vagues ennemies, au risque des plus grands périls. Réussissent ces exploits: le sergent La Néelle, le caporal Robin et le soldat Ragot. Le sergent observateur Thouin est moins heureux; blessé par un éclat d'obus dans le dos, il se trouve pris entre deux vagues allemandes. Envoyé en captivité en Silésie, il réussira à s'échapper quelques jours avant l'armistice.La position tenue par le 124ème forme une avancée (le saillant Watebled) dans la ligne générale de bataille.Le soir même de cette de cette glorieuse journée, à 22 heures, un violent bombardement précède un nouvel assaut formidable mais sans résultat, les vagues viennent se briser de nouveau contre la résistance de nos braves poilus.Cette journée du 15 juillet est une belle victoire pour le 124ème. Il a eu a soutenir le choc entier de l'une des meilleures unités allemande, la 3ème Division de la Garde Prussienne identifiée par cadavres et par prisonniers.
 
Merci au site; http://cecile_meunier.club.fr/historiques/ pour la mise en ligne de cet historique
Lieu de mémoire de Louis HEMERY
Tombe n°175 à la nécopole du Bois du Puit, Auberive (Marne)
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