Dequeker Jules, 11ème RI 24/10/1914 Haudremont
Extrait de l'historique du 11ème RI
Ainsi après 10 jours de repos, le régiment est complètement remis en forme. Le général Guyot de Salins dans son ordre du jour dit sa confiance en ce « 11ème Régiment qui fait ses preuves à Thiaumont... En avant, pour la France! » Conclut-il; on ne doute plus du succès de l'opération: le 11ème sera vainqueur d'Haudremont.
Haudremont 24-28 octobre.
Le régiment quittait Triaucourt en camions-autos; le 21 octobre au matin. A midi, il débarquait à Nixeville et à la tombée de la nuit gagnait Verdun. Seul, le 1er bataillon qui sera en réserve de brigade stationnait un jour au camp Augereau.
Dans la nuit de 23 au 24 on prend le dispositif préparatoire à l'attaque. Suivant les ordres donnés par la 38ème DI. Cette attaque sera exécutée face à l'Est. Avec 2 bataillons accolés.
Les 2 bataillons d'attaque, viennent ainsi occuper le quartier d'Haudromont, le 3ème Bataillon (commandant Martel), à gauche, à pour objectif la tranchée Balfourier; le 2ème (Commandant Negrie), à droite, a pour objectif la carrière proprement dite, il est en liaison avec le 8ème Tirailleurs. Dans chaque bataillon, il y a deux compagnies en première ligne et une compagnie en réserve.
Le 1er bataillon s'est porté lui aussi aux emplacements de réserve qui lui sont assignés.
Une compagnie et un peloton du 20ème dans la tranchée des caurettes ont pour mission de dégager le 11ème Régiment de toute préoccupation sur son flanc gauche.
Dès que le monde est en place des reconnaissances partant vers les tranchées ennemies et constatent que les défenses accessoires sont insuffisamment détruites.
Il est fait aussitôt un complément de préparation, par l'artillerie lourde et l'artillerie de tranchée.
D'ailleurs le 24, au point du jour, l'artillerie reprend tout son tir de préparation sur les tranchées Mercier et Nourrisson et sur la Carriere.
Mais les boches ne se laissent pas faire et répondent par un violent bombardement, qui déjà cause des pertes sensibles au régiment rassemblé dans l'étroit espace des tranchées de départ.
Le 2ème bataillon souffre particulièrement. Au peloton de droite le sous lieutenant Maurin est tué et sous la violence du tir les hommes semblent hésiter un peu, le capitaine De Caussans faisant fonction d'adjudant Major au 2ème bataillon, se portent aussitôt auprès de ce peloton, il monte sur le parapet et par sa ferme attitude ranime la confiance à tous.
11 heures 40: c'est l'heure fixée pour l'attaque.
Comme un seul homme, les compagnies de ligne sortent des tranchées devançant de 2 minutes leurs voisins de droite. Les grenadiers et fusiliers mitrailleurs sont en tête, les voltigeurs et V.B. Viennent en deuxième vagues. Tous chantent le couplet de la Marseillaise, modifié pour la circonstance.
« Nous entrerons dans la Carrière »
« Quand les Boches n'y seront plus. »
Les boches y sont encore.
Néanmoins et malgré l'intensité de la fumé qui limitent considérablement la vue, les man?uvres prescrites sont exécutées à la lettre.
A gauche la 10ème compagnie trouvant la tranchée Mercier inoccupé, se dirige immédiatement vers la tranchée Balfourier. Sur la route un fortin subsiste indemne et lui oppose une vive résistance. Peu importe, l'ouvrage est tourné par la droite et par la gauche et la compagnie va s'établir non dans la tranchée Balfourier que le bouleversement du terrain empêche de reconnaître, mais au-delà entre cette tranchée et la tranchée de Pomeranie.
La 11ème compagnie, enlevée par le sous lieutenant Giacomoni « véritable entraîneur d'hommes » n'est pas en retard sur sa voisine de gauche. Elle trouve aussi la 1ère tranchée boche inoccupée et poursuit aussitôt sa route pour atteindre son objectif en quelques minutes.
Dans ce mouvement, elle a suivi la crête nord de la Carriere et, de là-haut, quelques hommes ont distingué au milieu de la fumé le dur combat à la grenade qu'un même instant la 5ème compagnie, commandé par le lieutenant Maestracci, engage avec les boches à l'intérieur de la Carrière. Ils ont alors l'heureuse idée de lancer dans le fond quelques grenades et de tirer quelques coups de fusils
Le résultat est merveilleux. Les boches se croient tournés. Déjà ils s'apprêtent à fuir lorsque le sous lieutenant Careme n'ayant d'autre arme qu'une fusée éclairante l'allume et la lance sur les fuyards. Ceux ci épouvantés et surpris par le projectile inconnu, font aussitôt « Kamerad! »
A côté le sous lieutenant Sergent, a suivi de si près le tir de barrage de notre artillerie, qu'il a été légèrement blessé d'un éclat. Il n'en a pas moins conservé son commandement et poursuit sa route nettoyant sur son passage un abri de mitrailleuses dont tous les servants sont fait prisonniers.
A ce moment la Carrière et toute sa garnison sont entre nos mains.
A l'extrême droite, le peloton de la 7ème compagnie, malgré les grosses pertes subies dans la matinée s'est aussi porté alertement dans la tranchée Guerne où il a fait une vingtaine de prisonnier. Il a conservé sa liaison avec le 8ème Tirailleurs qui a également son objectif; La contre pente nord du Ravin de la Dame.
Cependant, les unités de soutien et le C.M. Ont suivi l'avance des unités de tête, les premières ayant pour mission de relier les tranchées conquises aux tranchées de départ, les deuxièmes de battre les accès aux nouvelles positions.
La 3ème compagnie de mitrailleuses, sous les ordres du lieutenant Pelissier, protège la tranchée Balfourier; la 2ème sous les ordres du capitaine Chabanne, bat le ravin de la Goulette et le débouché du ravin de la couleuver. Le canon de 37, prend en enfilade le ravin de la dame et réussit à faire taire les mitrailleuses ennemies qui s'y dévoilent peu à peu.
Ainsi Midi, tous les objectifs sont atteints et même dépassés. Notre nouvelle ligne s'organise au devant de la tranchée Balfourier et de la Carrière.
Sur le front de la 10ème compagnie le fortin résiste encore, bien que complètement investi. Il ne sera réduit qu'à 1 heure 30, après un dur et long combat à la grenade.
Pendant tout l'après midi, l'ennemi bombarde violemment nos nouvelles et nos anciennes premières lignes. Les pertes augmentent rapidement. Le besoin de renfort se fait sentir particulièrement au 3ème bataillon, à la disposition duquel, à 16 heures, deux compagnies du 1er bataillon ont déjà été mises.
Le combat à la grenade ne cesse pas sur le front de la 10ème compagnie, entre les tranchées Balfourier et de la Pomeranie. A 18 heures, cette compagnie a déjà repoussé plusieurs contre attaques. Elle a perdu 3 officiers: les sous lieutenant Alric, Laurenties et Coulon; beaucoup de sous officiers et d'hommes, elle est presque inexistante, la 9èma compagnie vient prendre sa place.
Pendant la nuit, aidé par le 2ème peloton de la compagnie 17/1 qui a marché avec les sections d'assaut, les compagnies commencent à organiser le terrain conquis, malgré la continuation du bombardement et les menaces de contre attaques. Les trous d'obus sont reliés entre eux sur tout le nouveau front. Une tranchée continue est amorcée à travers le ravin de la Goulette sera vainqueur d'Haudremont.
Merci au site; http://cecile_meunier.club.fr/historiques/ pour la mise en ligne de cet historique