Il échappe ainsi à l’invasion allemande du bassin minier lensois à partir d’octobre 1914. Quant à Joséphine, elle évacue la région et se réfugie à Paris chez l’une des sœurs d’Adrien.
Jusqu’en 1918, Adrien combat avec bravoure dans les tranchées et reçoit pas moins de cinq blessures. Un jour, il doit la vie sauve à son carnet de notes qui, rangé dans une poche de sa vareuse, freine une balle allemande qui s’arrête à quelques centimètres du cœur. En 1916, le 25 septembre, il participe à un combat dans le secteur de Bouchavesnes. C’est là qu’il récupère un fusil allemand Mauser et une baïonnette qu’il emporte comme trophées lors d’une permission dans sa famille. Qu’est devenu le soldat allemand détenteur de l’arme ? A ses proches, Adrien confie seulement qu’il a constamment peur d’être enseveli vivant lors des bombardements. Cette angoisse restera tenace jusque dans l’après-guerre. Fait prisonnier en 1918, il est interné dans un camp à côté de Namur. Peu après l’armistice, il décide de quitter le camp et de rentrer à pied en France. C’est dans un grand état de fatigue qu’il retrouve à Paris ses proches et sa fiancée. Décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre 14-18, il fait partie des combattants français dont le courage a été reconnu. Toutefois, il reste discret sur ses « exploits » au point de rejeter l’idée de demander la Légion d’Honneur à laquelle il peut prétendre.
Il réside à Paris jusqu’au début des années 1920 où il exerce la profession de menuisier. Son mariage y est célébré en 1919. Puis la famille décide de réintégrer le bassin minier dévasté. Il retrouve son métier d’avant-guerre dans la fosse 11 de Grenay.
Au cours de la seconde guerre mondiale, le fusil allemand de la Grande Guerre refait parler de lui. Joséphine est terrorisée par l’idée d’en savoir la présence dans la maison. Une perquisition par les troupes d’occupation est possible et la peur de voir la famille assimilée à la résistance est terrible. Joséphine supplie Adrien de faire disparaître l’arme. Il accepte et monte dans le grenier retirer le Mauser de sa cachette dans le toit. Il l’emballe ensuite, avec la baïonnette, dans un tissu huilé pour l’immerger dans la fosse d’aisance se disant qu’aucun Allemand n’osera y plonger les mains. Après la guerre, Adrien repêche le paquet et découvre un fusil et une baïonnette rongés par les excréments. Seule la plaque de crosse est récupérable et témoigne aujourd’hui des deux guerres du 20ème siècle.
Adrien Carpentier est né en mars 1895 à Auchy-les-Mines. Son père étant porion, il devient mineur à l’âge de 13 ans dans les bowettes de la fosse d’Auchy. Peu avant 1914, il se fiance avec sa voisine Joséphine Defrance. En 1914, la guerre bouleverse la vie d’Adrien. Il devance l’appel sous les drapeaux et s’engage volontairement, à l’âge de 19 ans, pour toute la durée de la guerre.
En novembre 2010, Louis Blanchard a remis à l’association « l’Alloeu Terre de Batailles, 1914-1918 » la plaque métallique d’une crosse de fusil allemand de la Grande Guerre. On peut y lire, gravés par un combattant français, ces quelques mots en lettres majuscules : « PRIS AUX ALLEMANDS LE 25 SEP 1916 A BOUCHAVESNES ( SOMME ) SOUVENIR 1914-18 ». Il s’agit des restes d’un trophée ramené du champ de bataille par Adrien Carpentier. Cet objet métallique nous permet aujourd’hui de retrouver l’histoire d’un Français dans la Grande Guerre et peut-être celle de l’Allemand à qui appartenait le fusil…
Actualités du mois de Décembre 2010
Un trophée de la Grande Guerre
par Bertrand Lecomte
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